Sur les traces du pont transbordeur bordelais
Le centenaire de la mort de Ferdinand Arnodin (1845-1924), ingénieur et industriel français spécialisé dans la fabrication des ponts à câbles, est l’occasion d’évoquer l’histoire du pont transbordeur de Bordeaux.
Un pont transbordeur est un pont permettant de faire passer les véhicules et les personnes d'une rive à l'autre dans une nacelle (ou transbordeur) suspendue à un chariot roulant sous le tablier. Ferdinand Arnodin en est l’inventeur et en dépose le brevet le 5 novembre 1887. Ce système ingénieux séduit plusieurs villes en France dont Bordeaux. À la fin du XIXe siècle, l’encombrement du pont de pierre nécessite la construction d’un nouveau franchissement du fleuve qui ne devra pas bloquer la navigation fluviale dans un contexte de pleine expansion du port de la Ville.
Le conseil municipal valide le principe en 1902 et opte pour ce système en 1903. Le choix de l’emplacement est fait en 1909 : en aval du pont de pierre, au droit du cours du Médoc sur une longueur de 410 mètres. Le tablier, suspendu à 45 mètres de haut entre deux pylônes de 92 mètres de haut, sert de chemin de roulement au chariot auquel est fixée une nacelle de 130 mètres carrés. Le projet est déclaré d’utilité publique le 13 septembre 1910. La Ville demande la concession à l’État pour une durée de 80 ans, pour finalement la rétrocéder à une société anonyme dès 1911.
La première pierre du pylône de la rive gauche est posée le 19 septembre 1910 par le président de la République Armand Fallières en personne. Le chantier doit être conduit en trente mois. Mais ce n’est qu’en juillet 1914 qu’il débute concrètement, pour se poursuivre bon an mal an jusqu’en 1918 : la mise en place des deux pylônes est effective en 1917. L’année suivante, les travaux s’interrompent par manque de matériaux. Difficultés techniques, financières et politiques s’en suivent d’autant que l’ingénieux système est finalement devenu obsolète : la charge utile de la nacelle est trop faible pour absorber la circulation en plein développement. Le programme est définitivement abandonné en 1938. Le chapitre se clôt définitivement lors de l’occupation : le 18 août 1942, les Allemands dynamitent les pylônes. Seul subsiste encore, rive droite, un massif d’ancrage quai de Queyries.